Détails sur Hope

Le dimanche 19 signera la clôture de l’édition 2014 de Cinéalma. A cette occasion, le film Hope sera programmé après la remise des prix, en présence de son réalisateur. Détails…

Hope
Le 19 octobre à 21h15

 

Synopsis

Alors qu’il traverse le Sahara pour remonter vers l’Europe, Léonard, un jeune Camerounais, vient en aide à Hope, une Nigériane. Dans un monde hostile où chacun doit rester avec les siens, ils vont tenter d’avancer ensemble, et de s’aimer.

 

                                                  Le réalisateur : Boris Lojkine

Normalien, agrégé de philosophie, auteur d’une thèse sur Crise et Histoire, Boris Lojkine décide, à l’issue de sa thèse, de quitter l’université. Il referme les livres et part au Vietnam où il avait vécu précédemment et dont il a appris la langue, pour y vivre l’aventure. Il y réalise deux films documentaires, Ceux qui restent (2001) et Les Ames errantes (2005), deux films qui racontent, côté vietnamien, le deuil impossible des hommes et des femmes dont la vie a été traversée par la guerre. Avec Hope, sa première fiction, il change de continent pour se plonger dans l’Afrique des migrants.

 

Propos du réalisateur

Je suis arrivé au cinéma par le documentaire, après dix ans de philosophie. Pour moi, faire du cinéma, c’était quitter les livres pour me plonger dans le réel, partir loin et découvrir d’autres vies que la mienne, plus intenses, plus héroïques. A ma connaissance, le monde de la migration n’a jamais été raconté de l’intérieur. C’est un monde terrible, mais passionnant, un monde souterrain qui a ses lois propres. Dans les villes étapes de la route, chaque communauté a son ghetto, chaque ghetto a son gouvernement, dirigé par un chairman, avec un commissaire, un secrétaire général, des policiers, une prison. Le chairman est le chef de la communauté, il rend la justice et maintient l’ordre, mais souvent il se mue en bandit mafieux qui rançonne ceux qui passent entre ses mains. La situation des femmes est particulièrement terrible. Pendant mes repérages, j’ai parlé à plusieurs femmes qui avaient dû se prostituer sur la route. Ces rencontres m’ont bouleversé.

Pour écrire le scénario, je me suis énormément documenté, j’ai puisé dans la réalité. Mais je ne cherchais pas une écriture naturaliste. Tous les personnages secondaires sont des figures hautes en couleur, un peu comme dans un récit picaresque. Et je voulais du romanesque, un souffle épique. J’ai construit un récit dramatique, loin du documentaire, avec une intrigue serrée et de vrais personnages de fiction. HOPE raconte une histoire d’amour. Mais ce n’est pas une histoire d’amour classique. Il n’y aurait eu aucun sens à plaquer un schéma romantique sur un monde où il n’a pas cours. Pendant les deux tiers du film, Léonard et Hope parlent plus d’argent que de sentiments. Ils s’accrochent l’un à l’autre sans le désirer. Et ce n’est peut-être qu’à la fin, lorsque le film s’achève, qu’on peut se dire qu’on a vu un film d’amour.

Il n’y a pas un seul comédien professionnel dans le film. Tous les interprètes sont des vrais migrants qui n’avaient jamais joué. Pour trouver Léonard, j’ai écumé les ghettos camerounais de Rabat. Pour Hope, ça a été encore plus compliqué, car la plupart des Nigérianes au Maroc ne sont pas libres, elles ont des « patrons ». J’ai frayé avec les maquereaux, et tous les dimanches j’allais dans les églises nigérianes clandestines, avec la complicité des pasteurs. Tout le casting a été une plongée dans les bas-fonds de la migration. Justin et Endurance qui jouent les premiers rôles ont quelque chose de très émouvant qui m’a séduit tout de suite. Justin est un timide, son visage exprime beaucoup d’intériorité. Endurance est à la fois dure, comme ces femmes africaines qui ne s’en laissent plus compter, et en même temps elle a quelque chose de très enfantin, qui peut être très désarmant. Pour jouer les rôles secondaires, je voulais des personnes qui sachent vraiment ce qu’est la violence, qui ne l’abordent pas comme des acteurs. Parmi les interprètes, on a des bandits, d’anciens trafiquants, des aventuriers de tous poils. Le faussaire Monopoly a vraiment été faussaire et le chairman nigérian a vraiment été chairman à Tamanrasset. Le tournage avec des non professionnels a fait éclater ce qui était trop classique, trop écrit dans le scénario. La langue des interprètes, les langues je devrais dire, car il y en a une bonne dizaine dans le film, sont étonnantes, avec leur mélange d’argot de la route et d’invention verbale. Je n’aurais jamais pu inventer cela. Mais d’une certaine manière, le film achevé me ressemble plus que le scénario.

Au tournage, j’ai cherché le mariage juste entre fiction et documentaire. Je ne voulais pas tourner à l’arrache, pour préserver la fiction. Je savais qu’avec mes acteurs, qui n’avaient aucune expérience de jeu, j’avais besoin de temps. J’ai donc préféré reconstituer des ghettos ailleurs, en demandant aux acteurs et aux figurants de nous aider à décorer, afin de retrouver une authenticité. Il y a une seule vraie scène documentaire dans le film, c’est celle où les migrants de Gourougou racontent l’attaque de la barrière. La forêt de Gourougou, qui surplombe la ville de Melilla, enclave espagnole au Maroc, est un lieu incroyable où les migrants se rassemblent pour « attaquer » le grillage qui sépare ce territoire européen du reste du continent africain. Il me semblait important qu’à un moment dans le film, la fiction rencontre une réalité indiscutable qui nous rappelle que tout cela n’est pas seulement du cinéma. Ce tournage a mis ensemble des gens qui ne se parlent jamais. Ça n’a pas toujours été simple, mais voir Camerounais et Nigérians apprendre à se connaître, voir les Marocains s’ouvrir au monde des Noirs, c’était très émouvant. Cela a rendu l’entreprise plus imprévisible, moins maîtrisable. Mais si un film n’est pas une aventure, quel intérêt de le faire.

Le dossier de presse intégral en cliquant ici.

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