Xenia
Le 12 octobre à 14h00
Synopsis
A la mort de leur mère, Dany et son frère Odysseas, 16 et 18 ans, prennent la route d’Athènes à Thessalonique pour retrouver leur père, un Grec qu’ils n’ont jamais connu. Albanais par leur mère, ils sont étrangers dans leur propre pays et veulent que ce père les reconnaisse pour obtenir la nationalité grecque. Dany et Ody se sont aussi promis de participer à un populaire concours de chant qui pourrait rendre leur vie meilleure. Ce voyage mettra à l’épreuve la force de leurs liens, leur part d’enfance et leur amour des chansons italiennes.
Réalisateur : Panos H. Koutras
Né à Athènes, Panos H. Koutras fait ses études à la London Film School à Londres et à la Sorbonne à Paris. Entre 1985 et 1995, il multiplie les allers-retours entre les deux capitales et réalise plusieurs courts métrages qui voyagent à travers les festivals du monde. En 1995, il fonde à Athènes sa propre société de production, 100% Synthetic Films, et se lance dans l’écriture de son premier long métrage, L’attaque de la moussaka géante, qui sort 4 ans plus tard et devient vite un film culte. Il opère un changement radical avec son deuxième film, Alithini Zoi (Real life), présenté au festival de Toronto et salué par le prix de la Critique 2004 en Grèce. Son troisième film, Strella, est sélectionné au Panorama au festival de Berlin en 2009 puis dans de nombreux festivals internationaux. Xenia est son quatrième long métrage.
Propos du réalisateur (morceaux choisis)
Ce film est un adieu à ma jeunesse. J’ai ressenti la nécessité de parler de l’adolescence avant qu’il ne soit trop tard. Les années d’adolescence sont les plus intenses que j’ai vécues. En rébellion contre le système, j’avais pour seule trinité le sexe, la drogue et le rock’n’roll. Je me sentais différent, singulier. Mon homosexualité n’y était sans doute pas pour rien. Je trouve que la jeunesse est très belle à filmer et en même temps, je pense qu’en ce moment les jeunes sont ceux qui souffrent le plus. Ils naissent dans un monde hostile et se retrouvent perdus. Je trouve ça émouvant. Par ailleurs, je voulais raconter l’amour qui unit deux frères. La fraternité de sang tout autant que la fraternité spirituelle ont été très importantes dans mon histoire personnelle, particulièrement en tant qu’homosexuel. Enfin, je voulais aborder le sujet des enfants apatrides, dans mon pays où le droit du sang prime sur le droit du sol. Avec l’émergence de l’extrême droite en Grèce et plus largement en Europe, le problème prend des proportions dramatiques. Je suis persuadé que l’immigration est la grande tragédie de notre ère.
On pourrait traduire « Xenia » par « hospitalité » mais le sens de ce concept ancien est beaucoup plus complexe. C’est une loi respectée par les dieux grecs, qui nous intime d’honorer et d’accueillir les étrangers d’où qu’ils viennent. L’hospitalité était un principe et un fondement majeur de la Grèce antique. La xénophobie est un concept relativement moderne. Aujourd’hui, non seulement la Grèce a oublié ses devoirs envers les étrangers, mais elle berne et abuse son peuple.
Je n’ai jamais connu de film facile à produire et j’ai toujours tourné avec des angoisses financières dans le cœur. Monter aujourd’hui en Grèce un film aussi cher que Xenia paraissait une folie. Avec le soutien de fonds étrangers et celui du Centre du Cinéma Grec, nous avons pu faire le film. La France a joué un rôle décisif et j’en suis très heureux… Néanmoins, la production de Xenia a connu par la suite un épisode tragique qui a failli lui être fatal. L’un de nos principaux financiers, l’antenne publique ERT, chaîne de télévision nationale, a été démantelée du jour au lendemain, au milieu du tournage, ce qui a eu pour conséquence de geler tous les financements. Grâce à la décision courageuse et risquée de tous les coproducteurs de continuer et de ne pas arrêter le tournage, le film a pu être terminé. Aujourd’hui encore, la production accuse un énorme déficit…
J’aime mélanger les acteurs professionnels et non-professionnels. Le père, la mère et Tassos sont des acteurs professionnels connus en Grèce. Mais pour Ody et Dany, je ne l’ai jamais envisagé. Lorsque je mets en scène des personnages issus d’une minorité qui a sa propre revendication c’est pour moi une obligation morale de faire appel à des personnes qui affrontent déjà ce problème et qui peuvent représenter leur communauté. C’est une question de cohérence et de justesse. Mais le casting a pris plus d’un an… J’ai commencé à rechercher les acteurs avant que la production du film ne commence. Puis nous avons répété avec Kostas et Nikos dans mon appartement et sur les lieux de tournage pendant 7 mois, 4 fois par semaine, avant le début du tournage.
La musique du film est composée par un musicien français d’origine grecque, Delaney Blue, le guitariste et compositeur de Daniel Darc. Sa musique évoque une enfance perdue ; elle est mélancolique et élogieuse. Pour composer cette bande originale, Delaney Blue s’est servi uniquement d’instruments acoustiques. Le fantastique m’est indispensable, c’est un besoin, pas un choix esthétique. Dans mon quotidien, la réalité et le rêve se mélangent souvent. Je ne vois pas pourquoi cela ne pourrait pas se faire au cinéma. Cela me semble être le meilleur moyen d’approcher de la vérité.
L’humour contient en soi la réflexion. Il permet une distance et pouvoir prendre de la distance face à un problème est un luxe inouï. Je ne pense pas que le cinéma va changer le monde. Mais je suis persuadé qu’il ouvre des perspectives qui aident à voir et à comprendre. Je m’associe entièrement à la conception aujourd’hui devenue cliché mais qui reste juste et belle, émise par André Bazin : « le cinéma est une fenêtre ouverte sur le monde ».
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