Raouf Sebbahi, Réalisateur du Road-movie “Hayat”

Parlez-nous d’abord de vous et de votre parcours de réalisateur

Né en 1983 de parents journalistes à la radio, mes premiers pas dans l’audiovisuel furent très précoces. J’ai en effet été le plus jeune animateur radio au Maroc, à l’âge de sept ans, pour une émission pour enfants et animé par des enfants. Mais c’est sans doute le fait d’avoir grandi avec un père non voyant qui m’a poussé à me passionner pour l’image et sa sémiologie. C’est donc naturellement que j’ai intégré la première promotion de la première école de cinéma du pays, après l’obtention de mon baccalauréat en lettre moderne, en 2000. Trois ans plus tard, j’en sors diplômé en réalisation audiovisuelle et deux courts métrages en poche dont « Ma ville que je n’ai jamais vu », primé dans plusieurs festivals. J’intègre alors la télévision marocaine en tant que réalisateur et concepteur pour y faire mes armes dans plusieurs genres télévisuels, en commençant par le magazine, puis le documentaire et la fiction. Parallèlement, j’ai décroché un master en écriture et réalisation cinématographique au Caire. Depuis,  j’enchaîne les projets de fiction entre séries, feuilletons et téléfilms, sans  jamais m’éloigner de mon premier amour, le cinéma.

 

Dans votre long-métrage « Hayat » vous mettez en exergue trois genres cinématographiques: le film chorale, le road movie et le huis clos. Ce qui donne lieu à un exercice assez périlleux. Comment avez-vous réussi à conjuguer différents caractères et différents personnages

Votre question sous entend que j’ai réussi, ça fait plaisir, (rire). Hayat est le résultat de beaucoup de travail et d’acharnement de toute une équipe, un producteur passionné qui a prit beaucoup de risques, une équipe technique de haut niveau et un casting de rêve. J’ai eu la chance de vivre cette expérience avec une magnifique équipe pour qui le mot d’ordre était passion et confiance.

 

« Hayat »  dépeint différentes facettes et thématiques sociales. Pensez-vous que c’est symptomatique de la société marocaine?

Oui, en tout cas à mon sens…

 

Quel regard portez-vous sur le cinéma marocain aujourd’hui ?

Je suis de nature optimiste. Ceci dit, notre cinéma a besoin de plus: Plus de salles de projection, plus d’investisseurs, plus de soutiens des chaînes de télévisions, etc…Mais aussi moins; moins d’ego et moins de pseudo lobbies qui ne font que desservir un cinéma qui souffre d’absence de marché, mais qui n’en reste pas moins fort par sa beauté, son authenticité et sa diversité.

 

Cette année Cinéalma accorde une attention particulière à la femme méditerranéenne. Qu’elle est la place de la femme dans « Hayat » et que représente-elle dans vos réalisations cinématographiques ?

Hayat n’est pas un film, c’est une femme. C’est un hommage à feu ma mère HAYAT BELAOULA, et bien sûr à travers elle, à toutes les femmes qui ont immigré sans pour autant quitter leurs pays. Au plus profond d’elles-mêmes, ces femmes puisent dans leurs réserve de courage et de sacrifice, dans l’espoir d’emmener leurs proches aussi loin que l’amour d’une mère, d’une soeur, d’une fille, ou d’une femme peut les porter. Et comme dirait le grand critique, philosophe et scénariste marocain Noureddine Sail: « Il ne faut faut pas oublier que la femme est avant tout un être humain ».