Détails sur : Le meraviglie

Le meraviglie
Le 16 octobre à 20h30

 

Synopsis

Dans un village en Ombrie, c’est la fin de l’été. Gelsomina vit avec ses parents et ses trois jeunes sœurs, dans une ferme délabrée où ils produisent du miel. Volontairement tenues à distance du monde par leur père, qui en prédit la fin proche et prône un rapport privilégié à la nature, les filles grandissent en marge. Pourtant, les règles strictes qui tiennent la famille ensemble vont être mises à mal par l’arrivée de Martin, un jeune délinquant accueilli dans le cadre d’un programme de réinsertion, et par le tournage du “Village des merveilles”, un jeu télévisé qui envahit la région.

 

                                              La réalisatrice : Alice Rohrwacher

Née en Toscane, Alice Rohrwacher est diplomée de littérature et de philosophie de l’Université de Turin. Elle a réalisé une partie du long- métrage collectif Checosamanca. À 29 ans, elle écrit et réalise son premier long-métrage Corpo Celeste, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2011.

FILMOGRAPHIE
2013: LES MERVEILLES (fiction)

2011: CORPO CELESTE (fiction)

2006: CHECOSAMANCA (documentaire collectif)

 

Note de la réalisatrice (morceaux choisis)

Le film se passe dans ma région natale, dans la campagne située entre l’Ombrie, le Latium et la Toscane. Ma famille est italo-allemande, il y en a d’ailleurs beaucoup dans cette région. Et les abeilles sont les insectes que je connais le mieux. Mais à part ces éléments, l’histoire et les personnages ne sont pas autobiographiques, ils me sont seulement familiers. Je ne pourrais pas écrire quelque chose de complètement autobiographique, je m’ennuierais… Lorsqu’on écrit un scénario, il faut trouver des personnages qui peuvent vivre des années et nourrir notre imagination. Il vaut donc mieux qu’ils me soient étrangers, afin que je ne me lasse jamais d’eux. Je préfère avoir le sentiment qu’ils sont constamment réinventés, c’est plus stimulant.

Lorsqu’on me demande d’où je viens, j’aimerais pouvoir répondre par une ville, comme Rome ou Milan, mais je dois situer ma région entre trois autres (l’Ombrie, le Latium et la Toscane), décrire une campagne où les identités régionales sont toutes détruites. Les gens connaissent parfois cet endroit, mais ils en gardent une impression moyenâgeuse ! C’est ce qui m’a poussée à travailler sur LES MERVEILLES : raconter les difficultés rencontrées par la campagne ou ces petites villes qui se sont déguisées en endroits « purs », hors du temps…  Avec un peu de recul, on comprend que ces endroits ne sont pas du tout comme ça et que la pureté n’est qu’une prison, dans laquelle ils se sont enfermés pour sauvegarder leur salut économique.

Je connais très bien les abeilles, je les adore. J’ai même travaillé dans la production de miel pendant un temps. S’il n’a pas été facile de convaincre les assurances qu’il n’arriverait rien de mal pendant le tournage, j’ai vraiment insisté pour qu’on utilise que de vraies abeilles, sans recourir à des effets visuels. Je souhaitais être au plus près de la sensation procurée par la matière brute, et que les acteurs travaillent avec de véritables ruches et de vrais essaims. La seule façon d’y arriver était de faire de nombreux essais. Je me souviens que les parents de Maria Alexandra Lungu (qui joue Gelsomina) étaient très contents : ils ont dit que si le film ne se faisait pas, leur fille aurait au moins appris quelque chose et pourrait devenir apicultrice !

Je ne savais pas exactement comment je voulais que soit le personnage de Gelsomina, mais je savais que je la reconnaîtrais quand je la verrais. C’est exactement ce qui s’est passé. Après plusieurs mois de recherche, je n’ai eu aucun doute quand j’ai vu Maria Alexandra Lungu en classe de catéchisme Elle avait 11 ans. D’origine roumaine, elle a toujours vécu en Italie. Elle n’avait jamais joué la comédie. Nous avons donc passé beaucoup de temps avec les abeilles pour que, comme son personnage, elle maîtrise totalement les gestes de l’apiculture. Travailler avec elle a été une vraie joie, de par sa présence généreuse et le fait qu’elle a aimé travailler avec nous, ce qui est peut-être le plus important.

Une merveille est une chose qui vous laisse sans voix. C’est ce qui se situe entre le monde terrestre et le fantastique. Mais le mot « merveille » est depuis quelque temps utilisé à tort et à travers, souvent associé à la promesse de grandes et magnifiques émotions. Dans LES MERVEILLES, mon film, il y a de petites merveilles faites de lumière, d’ombres, d’animaux et de secrets d’enfance, et il y a aussi de grandes merveilles, comme celles liées à l’apparition de Milly Cantena, incarnée par Monica Bellucci, la présentatrice d’un concours télévisé : « LE PAYS DES MERVEILLES », qui promet de redonner vie au passé. Dans les faits, cette émission nous emmène dans un paysage en transformation et à la rencontre d’une famille qui n’a pas de place. Le film parle probablement de l’échec. Les gens ne changent pas, ils ne s’améliorent pas non plus. S’ils n’ont pas de place au début, ils n’en trouveront pas à la fin. Il n’y a pas de bons ni de mauvais. Il y a seulement des gens plus vulnérables, mais ceux qui s’exposent sont souvent ceux qui échouent.

Aujourd’hui, en Italie, quand on parle de la campagne, ce n’est qu’en termes de destructions, de ruines imminentes, ou comme toile de fond à des histoires romantiques et innocentes. Pourtant, ce qui est en train de s’opérer dans le paysage italien est un changement bien plus profond et douloureux. La longue lutte pour la terre, théâtre d’affrontements millénaires entre les propriétaires terriens et les ouvriers, n’a pas abouti. Elle s’est simplement évaporée. Le champ de bataille a été abandonné et les spéculateurs sont arrivés. Ils ont d’abord brûlé tout ce qu’ils ont trouvé, puis ils se sont emparés des rares zones plus ou moins intactes et les ont transformées en parcs d’attraction, en une sorte de musée à ciel ouvert.

Le tournage a duré huit semaines, après plusieurs mois de pré-production consacrés aux repérages, au casting, etc. Nous avons travaillé avec enthousiasme et je peux vraiment dire que ce film existe grâce à un groupe de gens incroyables, qui ont quitté leurs villes pour s’installer dans mon coin perdu. Nous avons suivi le même parcours que la famille : nous avons trouvé une maison que nous avons rafistolée, créé un jardin et apporté des animaux. Bien sûr, ce processus a duré plusieurs mois. Je crois que, dans le film, on voit, on sent, la relation particulière qui se noue entre les acteurs, l’équipe et le lieu. Selon moi, l’expérience compte toujours. J’aime travailler sur une fiction, sur une histoire fabriquée avec des personnages qui n’existent pas, mais avec de véritables liens. Tout ceci, même si c’est invisible, peut imprégner les images comme une poussière magique et se voir dans le film.

Le dossier de presse intégral en téléchargement ici

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